Au 1er trimestre 2019, selon le dernier monitoring trimestriel de l'OFSP, la tendance à la stabilisation des coûts de la santé à charge de l'assurance obligatoire des soins (AOS) se poursuit dans le canton de Vaud comme au niveau suisse, malgré une hausse apparente en comparaison du seul 1er trimestre 2018.

«2018 était une année très spéciale, avec l'introduction du TarMed révisé au 1er janvier qui a généré, un peu dans les cabinets médicaux, mais surtout dans les hôpitaux, un décalage de la facturation de parfois plusieurs mois le temps de procéder aux adaptations nécessaires, explique le Dr Philippe Eggimann, président de la Société vaudoise de médecine (SVM). Le 1er trimestre 2018 affichait donc des coûts historiquement bas pour des raisons administratives. Par rapport au 1er trimestre 2017, qui offre un meilleur point de comparaison, il y a ainsi une baisse de 0,1% des coûts de la santé à charge de l'AOS dans le canton de Vaud, et une hausse modérée de 1,2% au niveau suisse. Par exemple, en ce qui concerne les cabinets médicaux vaudois, la hausse des coûts au 1er trimestre 2019 par rapport au 1er trimestre 2018 affiche 6,3%, mais elle n'est en fait que de seulement 0,4% par rapport au 1er trimestre 2017. C'est donc une bonne nouvelle.»

Si la hausse annuelle des coûts de la santé au niveau suisse était encore de 3.1% entre 2012 et 2016, elle s'est abaissée à 1.6% en 2017 et 0.2% en 2018, soit moins que la croissance du PIB. Les hausses de primes de 4.8% en 2017 et de 3.7% en 2018 étaient donc largement injustifiées. On observe aussi une hausse des réserves constituées par les assureurs maladie de 82% entre 2011 et 2017. De fait, depuis 2004, les primes perçues ont toujours été supérieures aux coûts réels de la santé au niveau suisse (cf. graphique ci-dessous).

Coûts et primes à charge de l'AOS

Pour rappel, pour l'année 2018, les coûts de la santé à charge de l'AOS ont baissé de 0,8% dans le canton de Vaud, soit plus fortement qu'en moyenne suisse. C'est ainsi au moins 200 millions de francs qui ont été payés en trop par les Vaudois (différence entre primes perçues et coûts réels), soit environ 250 francs pour chacun des quelque 800'000 habitants et assurés du canton. La dernière augmentation de primes de 1,8% pour 2019 apparaît aussi comme d'ores et déjà exagérée à la lumière des chiffres vaudois du 1er trimestre.

Pour la SVM, indépendamment du fait que chacun espère que les primes soient à l'avenir calculées au plus juste, notamment dans le canton de Vaud, il faut aussi arrêter de délivrer le message erroné que les coûts de la santé augmentent dans des proportions inquiétantes et non maîtrisées. «Par trop grand sens des responsabilités, nous constatons déjà que des patients mettent en danger leur santé en repoussant autant que possible une consultation ou une intervention médicale, sans même parler du phénomène connu de ceux qui tentent de préserver à tout prix leur franchise, notamment en fin d'année», regrette le Dr Philippe Eggimann. La SVM est ainsi doublement en faveur d'une baisse vaudoise des primes pour 2020.