Quels seront d’après vous les grands axes futurs de la prévention cardiovasculaire ?

Dr David Nanchen - J’en vois principalement deux. Tout d’abord, il s’agira d’améliorer l’identification des personnes à risque. Face aux patients asymptomatiques, l’une de nos difficultés est d’améliorer la prédiction du risque cardiovasculaire. Pour cela, nous avons plusieurs pistes. De grands espoirs reposent sur les marqueurs génétiques, mais les nouvelles techniques d’imagerie fournissent également des éléments intéressants pour identifier les patients qui bénéficieraient le plus d’un traitement avec des statines ou avec d’autres hypolipémiants, par exemple. 

Le second axe est de favoriser l’adhérence du patient à un style de vie sain ou à des mesures médicamenteuses en lui donnant la parole. Pour que la prévention soit réussie, il doit comprendre pourquoi son traitement est nécessaire, pourquoi il doit adapter son style de vie, etc.

 

Il y a autre chose ?

En tant que médecins, nous continuerons d’avoir besoin d’être informés des progrès réalisés dans le domaine de la prévention. Les essais cliniques sur les médicaments actuellement proposés en prévention des événements cardiovasculaires doivent se poursuivre. Il est également essentiel d’effectuer des études sur l’alimentation, la promotion de l’activité physique ou l’arrêt du tabac : ces facteurs constituent la pierre angulaire de la prévention cardiovasculaire.

 

Les structures de la prévention vont-elles évoluer ?

Oui, certainement. La santé mobile est l’un des éléments qui va gagner en importance. 

De plus en plus, les patients pourront mesurer de façon autonome certains paramètres comme leur pression artérielle, leur fréquence cardiaque, le nombre de pas qu’ils ont effectués dans la journée, etc. Ces données seront transmises automatiquement sur leur téléphone mobile et sur une plateforme internet consultable par leur médecin traitant, avec la possibilité́ de générer des alertes. Par ailleurs, la collaboration interprofessionnelle continuera à se renforcer, même si le face-à-face entre le patient et son médecin restera essentiel. Je pense qu’il y a encore un manque en matière d’éducation du patient. Nous devons travailler à informer la population sur les facteurs de risque et persévérer dans l’instauration d’un dialogue autour de la prévention cardiovasculaire. L’expérience montre qu’il faut répéter plusieurs fois les mêmes messages et les adresser au moment opportun pour qu’ils soient entendus et compris. En ce sens, les technologies de l’information mobile pourraient être un atout majeur de la prévention.