Que recouvre le concept Less is more?

L’idée est de ne pas vouloir faire le maximum à tout prix, mais d’utiliser les ressources de manière adéquate et optimale. Dans cette optique, certains concepts d’investigation ou de traitement doivent être réévalués à un moment donné en rapport avec la plus-value réelle qu’ils apportent à un patient dans une situation donnée.

Vous avez lancé un projet en ce sens…

Effectivement. Nous avons lancé le projet «less is more together», qui intègre de manière interprofessionnelle les pharmaciens, les médecins et les patients dans une telle démarche. Le but est de mieux cibler les prescriptions des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), actuellement très utilisés contre l’acidité gastrique, et qui sont parfois pris au long cours, après avoir été initialement instaurés pour une courte durée. L’aspect innovant de la démarche est la reconnaissance du rôle joué par les patients, grâce à leur feed-back régulier, tout en renforçant la collaboration interprofessionnelle. L’accompagnement scientifique est assuré par la HES-SO Valais.

Qu’en est-il de l’investissement des patients?

Nous entrons dans l’ère du patient autonome, éclairé et partenaire du médecin. Mais il reste beaucoup à faire pour progresser dans cette voie. D’après certains sondages, près d’un quart des patients déclare que les consultations médicales ne leur laissent pas assez de temps pour poser des questions, ou que les réponses ne sont pas intelligibles. D’autre part, les débats publics sur la hausse des coûts de la santé tournent en rond. Certaines propositions qui en découlent impliquent par exemple de limiter la durée des consultations, alors que c’est l’inverse qu’il faudrait faire, si l’on veut permettre au patient de jouer son rôle en toute connaissance de cause dans la décision thérapeutique. Notre projet vise à favoriser un changement de culture pour remettre le patient au cœur du sujet. Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons trouver des solutions intelligentes.

Vous faites un parallèle avec le débat sur le changement climatique…

Oui. Dans les deux cas, il y a un sentiment de catastrophe imminente qui génère des pressions politiques et sociales importantes. Dans le système de santé, la menace ressentie provient de l’explosion des coûts de l’assurance maladie. Une grande partie de la population a pris conscience qu’il faut renoncer à certaines habitudes pour lutter ensemble contre le réchauffement climatique. Une prise de conscience semblable doit être encouragée dans le domaine de la santé. Les progrès scientifiques ont tendance à nous faire oublier que certaines maladies ne peuvent être guéries. Nous devons donc réapprendre à accepter à nouveau nos limites et à assumer notre responsabilité sociale pour le bien collectif que représentent le climat et le système sanitaire – par un «less is more together».