Selon vous, quel est le principal défi en matière de politique de santé de ces prochaines années ?

Dr Philippe Eggimann - Il faut que nous parvenions à maintenir, pour l’ensemble de la population, l’accès à une médecine de qualité (dont les performances sont meilleures que celles des pays qui nous entourent pour des coûts comparables en termes de PIB). Une optimisation de l’utilisation des ressources à disposition est susceptible de limiter la hausse des coûts. Elle doit cependant reposer sur les propositions des médecins et des patients et non uniquement sur celles, parfois contre nature, des politiciens et des assureurs. C’est le sens des initiatives comme « smarter medicine » ou « choosing wisely » prises par plusieurs sociétés de spécialités.

 

Quels impacts auront les technologies sur le futur de la profession ?

L’évolution des nouvelles technologies est très rapide. Est-ce que les médecins qui prennent aujourd’hui leur retraite avaient imaginé, à la fin de leurs études, les progrès qui seraient réalisés dans la prise en charge des patients ? Alors que la révolution de la personnalisation basée entre autres sur la génomique et de la connectivité du cloud est en marche, la profession doit se préparer à redevenir et rester le référent en termes d’individualisation des prises en charge des patients. Ceci en fonction de critères adaptés aux préférences et à la situation objective de ces derniers.

 

Quel conseil donneriez-vous à un jeune médecin ?

Persévérez, car vous avez choisi un métier fantastique qui a su s’adapter aux évolutions tant technologiques que sociétales et philosophiques au cours de l’histoire récente. Au bout du compte, l’enjeu reste toujours le même. Il s’agit de permettre à un patient de pouvoir garder ou retrouver tout ou partie de son autonomie dans le domaine de sa santé, même si la médecine ne peut heureusement pas nous rendre immortels. Notre devoir est d’accompagner au mieux les patients dans ce processus.