L’Europe compte sur les doigts d’une main les cas rapportés et la Suisse n’a pas de cas avéré. Les incertitudes sont nombreuses partout dans le monde. Bien que l’OMS vient de relever le niveau d’alerte, les appels au calme sont la règle. Moins tueur que le SRAS, le coronavirus fait la une de tous les médias et de toutes les conversations. La mondialisation est une réalité, les cartes graphiques des lieux d’épidémies se succèdent sur nos écrans comme autant de taches rouges qui grandissent et alimentent le sentiment de peur au sein de la population. Le virus est traqué ville après ville et les chiffres scrutés quasiment en direct.

Sous nos latitudes, le branle-bas de combat sanitaire oscille entre la possibilité d’un nombre restreint de cas et le risque d’une pandémie. C’est le grand écart. On est dans la gestion de l’incertitude, mais une gestion exceptionnelle : en quelques jours, les infectiologues ont été capables de mettre au point un test de dépistage rapide. Tous au front dans une période qui correspond exactement au pic de la grippe qui, déjà, mobilise l’ensemble des équipes des services d’urgence. C’est l’heure de rappeler à nos concitoyens l’effort important et le travail exemplaire de toutes celles et tous ceux qui œuvrent jour après jour pour assurer les prises en charge aux urgences et dans les services médicaux. Il en est de même pour tous les cabinets de ville qui, par leur disponibilité, sont capables de répondre aux inquiétudes légitimes de la population. L’attention est portée sur les plus fragiles de la société. Un travail remarquable.

Cette crise sanitaire montre à quel point notre monde a évolué et combien l’information circule en temps réel avec des images, des chiffres et des correspondants en direct aux quatre coins du monde et plus particulièrement en Chine. On a l’impression de devenir particules, d’être avec le virus dans sa colonisation galopante,  de côtoyer les habitants de Wuhan. Etrange sensation à laquelle il faut s’habituer car elle est devenue la règle médiatique comme lors de catastrophes naturelles ou d’attentats. On vit alors au cœur de l’événement dans un déferlement d’images et d’informations vérifiées, fausses ou farfelues selon le réseau consulté. Tout y passe comme les chiffres officiels du gouvernement chinois immédiatement contestés par des internautes qui affolent les compteurs en amenant le gigantisme des nombres comme preuve de l’inefficacité sanitaire prétendue. Et que dire des marchés financiers qui, à la baisse, participent à la crainte généralisée et sonnent comme une autorité morale et décisionnelle. On parle de morts, d’une épidémie mondiale possible. Le décalage est abyssal.

Chacune et chacun de par son travail quotidien de soignant est le maillon d’une chaîne humaine au service de l’autre, au risque d’être soi-même exposé. Les heures seront dépassées en cas d’épidémie avérée, mais le temps est secondaire dans une crise. Actuellement l’incertitude règne entre peu et beaucoup, entre mineur et majeur, mais tout est fait pour parer au pire aujourd’hui ou demain comme cela le sera lors d’une prochaine épidémie mondiale dans quelques mois ou années car ces cycles se répéteront encore et encore dans un monde où 70 % des humains vivront dans les villes, se côtoyant de plus en plus et dans lequel les déplacements se multiplient. La virologie est une science d’aujourd’hui et de demain. La médecine est belle, surtout si elle permet d’aider son prochain et de guérir. Elle n’est pas une science exacte. L’incertitude est aussi sienne. Etre la meilleure possible, apprendre constamment et, comme ces jours, avoir la capacité dans un temps record de fournir un test de dépistage simple et efficient. Les prestations fournies dans ces circonstances par notre institution universitaire sont de grande qualité, tout comme la collaboration entre le DSES, les HUG et notre Association.

Dr Michel Matter

Président de l’AMGe