Pourquoi lancer cette campagne maintenant ?

Dr Bertrand Jacot-Des-Combes – Depuis plusieurs années, probablement comme un effet à long terme des bilatérales, une partie du corps médical est moins concernée par son rôle social de sauvegarde de la santé. De plus, si une grande majorité des médecins européens ont une formation excellente, la reconnaissance automatique des titres entre l’Europe et la Suisse permet à certains de se prévaloir de titres ne correspondant pas aux exigences des diplômes médicaux suisses. Cette campagne initiée par les Sociétés cantonales romandes permet de regrouper à travers les groupes de spécialités, une communauté de médecins qui partagent des valeurs communes pour défendre la qualité des soins.

 

En quoi cette campagne est-elle importante pour les patients ?

Pour un patient, il est difficile de savoir si les examens proposés sont nécessaires ou le traitement administré adéquat. De manière générale, ils sont souvent rassurés quand leur médecin pratique de nombreux examens comme des scanners, IRM, échographies ou encore des bilans sanguins exhaustifs. Or, plus les médecins sont formés, moins ils demandent d’examens. Ces bilans très larges comportent des risques pour la santé et mettent fréquemment en évidence des lésions ne représentant aucun risque pour la santé, cause d’inquiétude chez les patients tout en engendrant de nouveaux examens. Il est une règle en médecine qui veut qu’on ne trouve que ce qu’on cherche et ceci se fait, en premier lieu, par l’interrogatoire et l’examen clinique. Le but de cette campagne est aussi de protéger les patients face à des pratiques qui ne respectent pas les standards en vigueur.

 

Ne discrimine-t-elle pas une partie des médecins ?

Le propos de cette campagne est très clairement de consolider la confiance existante entre les patients et leur médecin et non pas de mettre à l’index des confrères. Notre société exige une sécurité accrue dans tous les domaines, tels que la sécurité alimentaire, industrielle, environnementale, et il est juste que les médecins eux aussi jouent la transparence. Les temps où les médecins affirmaient être les meilleurs et prodiguaient leurs conseils d’un ton paternaliste sont clairement révolus. Le dialogue avec le patient est la clé d’une relation de confiance dont fait partie, entre autres, la connaissance authentifiée de la formation de son médecin. La seule affirmation d’être le meilleur n’est plus d’actualité. Les groupes de spécialistes vérifient l’exactitude des formations et la qualité de celles-ci. Tout médecin remplissant les exigences du groupe de sa spécialité peut demander son affiliation. Il n’y a très clairement aucune discrimination ou mise au pilori de confrère.